Année : 2018 Durée : 1h

Texte : Julien Mages

Genre : Théâtre lyrique, opéra, opera-buffa

Effectif : trois chanteurs, hautbois (et hautbois d'amour), clarinette (et clarinette basse), cor, cymbalum, percussion, violon, alto, contrebasse

Détails : Commande de Papageno.Corp et du Nouvel Ensemble Contemporain
pour Controluce Teatro d'Ombre.

Création le 16 Janvier 2019 à l'Oriental-Vevey (Suisse)
reprise le 24 Janvier au Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse)
avec Clara Meloni soprano, Fabien Hyon ténor, Julien Clément baryton
NEC (Nouvel Ensemble Contemporain) dirigé par Lennart Dohms
Pianiste chef de chant Antoine Françoise
Direction artistique et mise en scène Francesco Biamonte (dédicataire)

Enregistrement RTS (Radio Télévision Suisse)
diffusion le 10 Février 2019, émission "Musique d'avenir"


Édition : Babelscores Contemporary Music Online

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Ombres du Minotaure
Opéra pour un théâtre d'ombres

Notice :

Après bien des recherches et de nombreuses lectures, Francesco Biamonte et moi-même avons décidé de demander un texte à l'écrivain suisse Julien Mages. Ce texte est un long et beau poème lyrique.
Ici, trois personnages chanteurs : Dédale, Thésée et Ariane.
Le Minotaure est muet: monstre ambigu...

Commencer une œuvre, c'est toujours difficile. En fait, il faut se lancer dans le vide et avancer coûte que coûte. Ensuite, souvent, tout détruire à la relecture. Mais cela permet de "démarrer"...
J'ai d'abord essayé d'imaginer la matière musicale qui pourrait représenter ce Minotaure sans voix.
Ce n'est pas facile, avec seulement huit instrumentistes parmi lesquels un seul percussionniste! Les timbales me manquent, le xylophone également, et les steel-drums! Mais tous ces instruments sont trop encombrants pour une petite fosse d'orchestre ou un coin de la scène où se déroule le théâtre d'ombres.
La composition musicale, c'est souvent une série de renoncements...
J'ai rêvé d'un simple roulement de grosse caisse sur lequel se posait une note étrange produite par la contrebasse puis quelques soupirs de clarinette basse et de cor qui esquissent le motif de la terreur...

Ensuite j'ai attribué des couleurs sonores et un style d'écriture à chaque personnage, mais aussi à quelques situations: les 3 cordes et la fugue pour Dédale qui est un constructeur, les vents comme une fanfare pour Thésée le guerrier, le hautbois d'amour et la mélodie accompagnée pour le lamento d' Ariane, le cymbalum la percussion et le violon sorte de "grillage sonore" pour évoquer le labyrinthe, un rythme au balancement ternaire pour le retour à Athènes sur les flots de la méditerranée.

Puis j'ai esquissé une structure en trois parties, précédées par une introduction purement instrumentale :

1ère partie : présentation des personnages: Dédale, Thésée, Ariane, le Labyrinthe: voix chantées, parlées, solo, duo, trio "Ce sont des fantômes qui hurlent dans ce lieu maudit?"

2ème partie : le combat "c'est de la peur et de la mort"
danse de Thésée et du Minotaure : d'abord la danse rapide du combat, puis une lente passacaille, danse de mort de la bête ambigüe...

3ème partie : le retour à la maison, la perte: Ariane abandonnée à Naxos, la mort d'Egée due à la négligence de Thésée et brusquement un saut brutal dans le monde contemporain où, contrairement à Dédale qui a vu son fils Icare mourir, le père ici sauve son fils de la mort.

Cela peut surprendre mais lorsqu'on compose une œuvre de longue haleine, ce qui est le cas des opéras, on a besoin d'une sorte de "lexique" des matériaux pour ne pas oublier ce qu'on a voulu exprimer.
Et parfois, l'œuvre résiste.

Je retrouve ceci sur mon cahier de travail à la date du 5 Mars 2018 :
"J'avance, j'avance, sans regarder derrière, en laissant le chantier à l'état brut. Quelques "touches" à ajouter
Ce soir, je vais tout relire avant de continuer. Trouver la cohérence entre ces différents épisodes.
Je me perds moi-même dans le labyrinthe de mon écriture. Oeuvre diabolique..."