Année : 1980 Durée : 20'

Texte : Lewis Carroll

Genre : Théâtre musical, conte musical, monodrame, mélodrame

Effectif : pour voix de femme
clarinette, alto, 2 trombones, piano


Détails : Commande d'Etat pour l'Ensemble Intervalles
Création le 2 juin 1980 à Madrid, Museo Espaňol de Arte Contemporaneo
par l'Ensemble Intervalles
Enregistrement Radio Nacional de Espaňa


Édition : Partition inédite

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Through the looking glass
monodrame

Notice :

Ce monodrame - composé sur des extraits du texte original en anglais - est formé de sept parties qui, chacune, revêt son caractère propre, adoptant un mode d'écriture bien distinct, déterminé par le sens du texte.

1 - Looking-glass house... sur les tenues...
2 - The garden of live floowers : deux mondes rythmiques opposés se superposent : les trombones agissent dans une liberté totale, alors que clarinette et piano interviennent avec précision et simultanéité.
3 - La course avec la Reine : ici les instrumentistes disposent d'un matériel sonore d'une grande élasticité. Ils ont le choix entre un certain nombre de motifs, ou d'accords, avec la faculté d'intervenir lorsqu'ils le désirent.
4 - Looking-glass insects : accélération agogique et intensification de la matière sonore.
5 - La forêt où les choses n'ont pas de nom : petite aberration sérielle...
6 - Tweedledum and Tweedledee : c'est un carillon en miroir qui se complique par le fait que chaque instrumentiste a son tempo propre. Superposition, encore une fois, de temps vécus différemment.
7 - Which dreamed it ? Tout est contenu dans tout : Alice n'existe que dans le rêve du Roi qui lui-même n'existe que dans le rêve d'Alice... Rappel de tous les éléments des morceaux précédents, qui s'enchaînent selon des géométries variables.

Au delà du miroir
traduction française du texte de Lewis Carroll

1 - La maison du miroir
Alice, blottie, à demi sommeillante, dans un coin du grand fauteuil, se tenait de vagues discours.
"Entends-tu, Kitty, la neige qui tombe contre les vitres? Quel doux et joli bruit elle fait?
Comme si quelqu'un dehors les couvrait de baisers".

2 - Le jardin des fleurs vivantes
"Je verrais le jardin beaucoup mieux", se dit Alice, "si je pouvais gagner le sommet de cette colline;
et voici un sentier qui y mène tout droit... ou plutôt non, pas tout droit..." rectifia-t-elle après avoir
suivi le sentier sur quelques mètres et pris plusieurs tournants brusques, "mais je suppose qu'il finira
bien par y mener. Comme il se tortille de bizarre façon! Plutôt qu'un sentier, on dirait un tirebouchon!
Bon, ce tournant-ci va à la colline, je suppose... Eh bien non il n'y va pas! Tout au contraire, il me ramène directement à la maison! Puisqu'il en est ainsi, je vais essayer de le suivre en sens inverse."
Donc, tournant résolument le dos à la maison, elle reprit une fois de plus le sentier, bien décidée à
marcher jusqu'à ce qu'elle eût atteint le haut de la colline. Pendant quelques minutes tout alla bien,
et elle était en train de se dire "Cette fois-ci je suis sûre et certaine d'y parvenir" quand le sentier
brusquement bifurqua et s'ébroua.

3 - ...A ce moment précis, on ne sait trop pourquoi, elles se mirent à courir.
...Ce qu'il y avait de plus curieux dans l'aventure, c'est que les arbres et les autres objets qui les
entouraient ne changeaient pas du tout de place. Si vite qu'elles courussent, il semblait qu'elles ne
dépassaient jamais rien. "Je me demande si toutes les choses se déplacent dans le même sens et à la
même vitesse que nous?" pensait déconcertée, la pauvre Alice. Et la Reine semblait deviner ses
pensées car elle criait: "Plus vite! N'essayez pas de parler!"

4 - Insectes du miroir
"Tiens, tiens, quelles sont donc ces créatures qui font du miel, là-bas ? Cela ne saurait être des
abeilles ... Nul n'a jamais vu des abeilles à une distance d'un kilomètre et demi, c'est évident".
Et durant quelques minutes elle resta à observer en silence l'une de ces créatures qui s'affairaient parmi
les fleurs en qui elle plongeait sa trompe "tout comme le ferait une abeille ordinaire" se dit Alice.
Pourtant c'était tout autre chose qu'une abeille ordinaire : en fait, comme Alice ne tarda pas à s'en
persuader, encore que cette idée tout d'abord lui coupa le souffle - c'était un éléphant.
"Quelles énormes fleurs doit-il butiner" telle fut la pensée qui lui vint ensuite.

5 - Ce doit être, se dit-elle, pensive, la forêt où les choses n'ont pas de noms.

6 - Alice marcha longtemps, longtemps, mais chaque fois que la route bifurquait, il y avait
immanquablement deux poteaux indicateurs montrant la même direction. Sur l'un on lisait:
"Résidence de Tweedledum" et sur l'autre: "Tweedledee Résidence".
... "C'est ce qui arrive lorsque l'on vit à l'envers", fit observer la Reine d'un air bienveillant
"au début çà vous donne le tournis -... mais cela présente un grand avantage, c'est que la mémoire
s'exerce dans les deux sens."

7 - Qui a rêvé celà?
Le Roi dormait.
"Il est présentement en train de rêver, dit Tweedledee, et de quoi croyez-vous qu'il rêve?"
"Nul ne peut deviner celà" répondit Alice.
"Allons-donc! Il rêve de vous!" s'exclama Tweedledee, en battant des mains d'un air triomphant.
"Et s'il cessait de rêver de vous, où croyez-vous que vous seriez?"
"Où je me trouve à présent, bien entendu" dit Alice.
"Jamais de la vie!" répliqua Tweedledee d'un air de profond mépris. "Vous ne seriez nulle part.
Vous n'êtes qu'une espèce d'objet figurant dans son rêve".
"Si le roi ici présent venait à se réveiller" ajouta Tweedledum, vous vous trouveriez soufflée
- bang - tout comme une chandelle!"
"Ce n'est pas vrai!" s'exclama avec indignation Alice.