Année : 1991 Durée : 35'

Texte : Textes liturgiques en 5 langues

Genre : Messe

Effectif : pour 3 solistes (soprano coloratur, mezzo, baryton)
petit chœur mixte (16 voix)
grand chœur d'amateurs et Assemblée des fidèles
orgue


Détails : Commande du Festival d'Art Sacré de Dax
Création le 5 Octobre 1991 à la Cathédrale de Dax par Elena Vassilieva (soprano), Anne Bartelloni (mezzo), Jacques Bona (baryton), l'Ensemble Madrigal de Bordeaux, la Chorale Diocésaine des Landes (dirigée par le Père Amesland), L'Ensemble Vocal de Mérignac (dirigé par Christine Maillebuau), Georges Guillard (orgue) direction Eliane Lavail

Enregistrement Radio-France


Édition : Alphonse Leduc

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Messe pour la Paix


Notice :

Lorsque j'ai reçu la commande de composer une messe, je ne décolérais pas à cause des souffrances que Monsieur Bush faisait subir avec son injuste guerre à la population de l'Irak et au gâchis que cette violence provoquait encore une fois dans les pays du Moyen-Orient.
J'ai donc décidé d'écrire une Messe pour la Paix.
J'aurais voulu écrire cette messe en latin - langue universelle - mais l'église n'a pas accepté ma proposition.
J'ai donc adopté des textes liturgiques dans les cinq langues que je pratique plus ou moins (allemand, anglais, espagnol, italien et français). Ceci pour symboliser l'alliance entre les peuples, et afin d'exprimer l'espoir qu'un jour il n'y aurait plus de guerres, et que chacun pourrait vivre ses convictions librement, sans aucune crainte, et surtout, sans aucune haine pour cet "autre" qui lui ressemble tant...

Extraits de la présentation par le Père Amesland, le jour de la création de la Messe pour la Paix en la Cathédrale de Dax:
... il ne pouvait être question pour nous de travailler autre chose qu'une œuvre d'aujourd'hui, c'est à dire non seulement issue de la musique contemporaine, mais conforme aux dispositions liturgiques du Concile Vatican II. La constitution Liturgique du Concile propose en effet aux compositeurs de travailler avec un regard totalement neuf, c'est à dire que la chorale et l'orgue, au lieu d'être des ornements de la célébration, doivent se considérer comme des parties intégrantes de la communauté. Point de vue révolutionnaire, si on le compare à ce qui s'est fait depuis des siècles dans nos églises urbaines.
Devant une telle exigence, la plupart des compositeurs se sont récusés, laissant la place à des productions et à des producteurs - disons - moins reluisants.
L'audace de Michèle Reverdy est d'avoir relevé le défi, et sans rien abandonner de son style et du langage contemporain, d'avoir écrit une Messe qui donne leur place respective à l'orgue, aux solistes,
aux deux chœurs - ditribution habituelle - mais aussi à l'assemblée en tant que telle.
A mes yeux, la création de la Messe pour la Paix fera probablement date dans l'histoire de la Musique Sacrée.
La Messe pour la Paix nous donnera peut-être parfois l'impression d'être une Messe "in tempore belli". La Guerre du Golfe - si apocalyptique pour ceux qui l'ont vécue - n'y est pas étrangère.


Analyse de la Messe pour la Paix par Georges Guillard

L'œuvre est écrite pour trois solistes, un petit chœur un grand chœur, l'Assemblée des fidèles et un orgue.
Elle comprend successivement: 1. Chant d'entrée - 2.Kyrie - 3.Gloria - 4.Psaume - 5.Alléluia -
6.Sanctus - 7. Agnus Dei - 8. Chant final.


Exigences techniques

1. Solistes: la soprano doit être vraiment "colorature", c'est-à-dire voix légère, aérienne, assez virtuose.
La mezzo: voix chaleureuse; intervention plus modeste.
Le baryton s'exprime souvent en "sprechgesang" (parlé-chanté)
2. Petit chœur: il exige des chanteurs aguerris, compte tenu de certaines difficultés d'intonation, de rythme ou d'expression.
3. Grand chœur: niveau d'une bonne chorale "amateur"
4. Assemblée: interventions excessivement simples
5. Orgue: un orgue à 2 claviers/pédalier (20 jeux environ) peut suffire, mais un Grand-orgue de trois claviers est bienvenu...

Ecriture - interprétation

L'écriture vocale est extrêmement diversifiée, depuis les formules parfaitement simples de l'Assemblée jusqu'aux vocalises virtuoses de la colorature, en passant par de véritables clameurs (Gloria) ou des invocations très mélodiques, quasi litaniques (Gloria, Alléluia, Chant final).
L'écriture est certes atonale, mais la musique est souvent arrimée à quelques notes qui constituent de puissants points d'ancrage autour desquels se développent des arabesques aux teintes modales. Et l'orgue soutient avec précision en préparant les "entrées", en doublant certaines formules, etc. tout en imprimant aux ensembles le dynamisme rythmique et en colorant certains passages par des interventions solistes.

L'ensemble conjugue ainsi avec bonheur les divers visages d'une assemblée liturgique: aux invocations simples, presque frustes de l'Assemblée proprement dite répondent les invocations plus lyriques du Grand Chœur, sur lesquelles se greffent les interventions raffinées de la Schola et des solistes, le tout étant soutenu, animé, coloré par l'instrument liturgique par excellence, l'orgue.

Cette Messe pour la Paix s'inscrit parfaitement dans le temps habituel d'une liturgie solennelle
(entre 1 heure et 1 heure et quart). Elle présente aussi un remarquable facteur d'unité: les interventions de l'orgue soliste (Entrée, Offertoire, Consécration, Communion, Sortie) peuvent être empruntées à la Messe pour les Blancs-Manteaux du même compositeur (messe pour orgue seul), l'ensemble présentant une rare homogénéité d'inspiration et de style, dans la mesure où ces deux œuvres ont été écrites à partir du même matériau musical.

Paris, le 10 janvier 1992, Georges Guillard