Concerto pour harpe
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Lorsque Isabelle Moretti m'a demandé d'écrire pour elle un concerto pour harpe et grand orchestre, j'ai pensé que la gageure était passionnante.
La forme du concerto pose un problème que certains compositeurs, parmi les meilleurs, ont essayé de contourner: Berlioz renonce à la virtuosité de l'altiste dans Harold en Italie, ce qui lui attire les foudres de Paganini refusant de créer l'œuvre qu'il a lui-même suscitée.
Quant à Ligeti, le violoncelle de son concerto émerge de loin en loin de la matière orchestrale sans jamais se présenter sur le devant de la scène en soliste brillant: ici, la virtuosité n'est pas exhibitionniste. Il s'agit, d'une certaine manière, d'un "anti-concerto".
En écrivant un concerto, je ne veux pas renoncer à l'intérêt de l'écriture orchestrale.
Dans ce Concerto pour harpe, j'ai voulu que l'orchestre soit un interlocuteur au même titre que la soliste.
Mais l'affaire se complique par le fait que la harpe est un instrument secret, intimiste, facilement écrasé par l'orchestre, d'autant qu'ici on me proposait un orchestre symphonique de grande ampleur !
Je décidai alors de ménager des transparences dans les parties orchestrales, de prévoir des dialogues entre la harpe et d'autres couleurs instrumentales, afin que la harpe ne soit pas étouffée, sans toutefois renoncer aux richesses qu'une grande "machine orchestrale" mettait à ma disposition.
Cette œuvre doit beaucoup à la généreuse amitié d'Anne-Marie Palanque qui m'a toujours soutenue dans mon travail et m'a ouvert les portes de sa maison de Gargilesse, préservant autour de moi le silence propice à la composition.